Digital Airways veut inventer l'objet connecté local
La PME argentanaise fête ses 20 ans cette année. De la téléphonie aux objets connectés, elle a su évoluer et veut désormais voler de ses propres ailes.
- Au départ, les téléphones
« Notre métier au début des années 2000, c’était la téléphonie mobile. » L’histoire de Digital Airways débute en 1998, à Argentan, quand quatre amis décident de lancer leur entreprise, en plein boom des nouvelles technologies. Une start-up avant l’heure. « Pendant dix ans, on a travaillé sur les interfaces de téléphones, explique Franck Lefèvre, cofondateur et dirigeant, jusqu’en 2007-2008 et la sortie du premier iPhone qui a tout changé. »
- Industrie et théâtre
Digital Airways en profite pour élargir sa palette de compétences: « Voitures, avions et même distributeurs de boissons ». Les interfaces développées par la petite entreprise ornaise s’ouvrent aux industriels. Les clients sont multiples et variés: Samsung, Orange mais aussi PSA ou le local Faurecia (implanté à Caligny, près de Flers), etc.
Plus Géo Trouvetou que Picsou, Franck Lefèvre « préfère chercher de nouveaux projets plutôt que de faire toujours la même chose ». Il y a quelques années, Digital Airways s’est associée au dramaturge Mohammed El Khatib, alors en résidence au Quai des arts: « Dans sa pièce une femme de ménage utilisait une auto-laveuse, on s’est occupé de la robotisation. »
- « Pour nous » et avec les autres
La PME, qui a fait un peu plus d’un million de chiffre d’affaires l’an dernier, veut désormais aussi travailler pour elle-même: « La technologie que l’on utilise pour développer de nouveaux produits pour nos clients, on se dit qu’on peut aussi l’utiliser pour nous. » Pour elle, mais pas seule, Digital AIrways s’entoure d’autres entreprises, comme la caennaise NewPort Ims: « On a développé avec eux, un assistant personnel vocal pour la voiture (Phebe) qui permet de connaître le temps de trajet, de rechercher une station-service, de réserver un parking, etc. » L’intelligence artificielle dans nos voitures.
- Google Home local
Et bientôt dans nos maisons puisque Digital Airways travaille sur un assistant domestique, « comme une radio intelligente sauf qu’on peut interagir », le petit frère de Phebe. « Une de nos ambitions c’est de faire ce que fait Amazon mais avec des ressources très locales (courses, recherche d’une baby-sitter…). Google Home trouve le service, nous, on veut le rendre. » De l’aide à la personne ? « Ce n’est pas une machine pour les vieux, insiste Franck Lefèvre, mais cela peut permettre le maintien à domicile. » Une expérimentation dans 300 foyers de la région est prévue dans les prochains mois.
- Argentan plutôt que Palo Alto
Cet attachement au local tient sans doute au fait que la PME a toujours revendiqué son implantation ornaise. « On ne cherche pas à devenir très gros, justifie Franck Lefèvre, dont l’équipe compte quinze personnes. Et, à part Faurecia, nos clients ne sont, de toute façon, jamais locaux (Japon, Australie, etc.) Parfois, on me demande pourquoi on n’est pas à Paris ou à Palo Alto (en Californie), mais on a un confort de vie incroyable et on n’a jamais eu de difficultés pour recruter. Le jour où il n’y a plus de train, là, je pars ; mais en attendant on est très bien ici. »
Sources : Ouest France Entreprises, édition du 5 mars 2018
Par Elodie Dardenne